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27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 14:43
Just Fontaine et Roger Piantoni. Coupe du Monde de 1958. © Jean-Louis Crimon

Just Fontaine et Roger Piantoni. Coupe du Monde de 1958. © Jean-Louis Crimon

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C'est L'Est Républicain qui, le premier, a donné l'information. Samedi 26 Mai 2018, à 15h25 : Roger Piantoni, partenaire de Raymond Kopa et Just Fontaine à la Coupe du Monde de 1958, est mort ce samedi, à l'âge de 86 ans, à l'Hôpital de Nancy. 

 

J'ai voulu relire tout de suite le petit mot qu'il m'avait adressé à la parution de Verlaine avant-centre. "Il me semble que vous êtes gaucher ! Est-ce que je me trompe ? "

Roger Piantoni s'était trompé, mais à moitié seulement, puisque ma mère, elle, était gauchère. De l'apprendre, ça l'avait fait sourire, le Pianto.

Dans la foulée, j'ai voulu relire les premières pages de mon petit roman rémois. Où Kopa, Piantoni, Fontaine, mon père et moi, on jouait la Coupe du Monde de 58.

 

 

Verlaine avant-centre, page 17 :

"Le bonheur de la victoire est de courte durée. En un instant, mes coéquipiers redeviennent de simples arbres fruitiers, et le grand stade de mes exploits un verger paisible. Ma mère a toujours les mots qu'il faut pour interrompre mes rêveries d'après-match : Piantoni, t'as fini ? Ton père t'attend pour aller tondre chez Debrie."

 

Verlaine avant-centre, page 20 :

" Ce soir, à nous deux, mon père et moi, on va jouer la Coupe du Monde. On sera Fontaine, Kopa et Piantoni. Et Pelé, et Garrincha, et Gilmar aussi. Ce soir, on révise le premier but de Fontaine. Mon père fait le passeur. Moi, je suis le marqueur. D'abord, on répète le mouvement, ensuite, on le joue vraiment. Kopa, Kopa-Piantoni, Piantoni-Fontaine... Tir de Fontaine. A côté. Je fais aussi le commentaire du match. Mon père a les bras en l'air. La foule des supporters nous applaudit. Les feuilles des arbres en frémissent. 

" Ça sent l'herbe fraîchement coupée. Après le match, on ira s'asseoir en haut du talus près de la rivière, les jambes dans le vide. Ce sera beau. On écoutera le bruit de l'eau qui joue dans les pierres. On regardera le soir qui vient à notre rencontre. Je me dirai : un jour, c'est sûr, je serai footballeur. "

Ce samedi 26 Mai 2018 m'a fait penser à un autre 26 Mai, le 26 Mai 2001. Qui était aussi un samedi. J'ai compris, samedi pour samedi, que Piantoni et mon père, son premier supporter, étaient morts le même jour. A 17 années de distance. "C'est pas banal", aurait forcément dit ma mère, devant pareille coïncidence, si elle n'était pas morte, elle aussi, il y a quatre ans déjà.  

Kopa en mars de l'an dernier, Piantoni en mai de cette année. Mon père en 2001, ma mère en 2014. L'ami Béal fin 2017. Sans oublier Joseph, Jacques ou Jean-François. Trop de morts autour de moi, même si, dérisoire revanche, mes mots dans mes romans les rendent éternellement… vivants. 

 

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