Comme je remontais les classes impassibles
Traquant les préjugés, cherchant les idées neuves
Je pensais à l'autre fou rêvant de grands fleuves
Au scalp du vieux monde, aux livres impossibles
A contre-courant des pédagogues en vogue
Pour apprendre je voulais croire qu'on embarque
A bord du même navire, de la même barque
Qu'on aborde les idées sans esprit de catalogue
J'avais le verbe auxiliaire comme le statut
J'étais le prof, le copain, l'ami, le frangin,
De tout savoir vous aviez faim, j'étais à jeun
Que ne l'ayez-vous dit, pourquoi l'ai-je tu
J'étais inquiet du chemin et vous insouciants
Combien de vies faut-il pour faire le parcours
Curieux savoir où le par cœur n'a plus cours
On se quittait sur des questions, moi vous remerciant
Comment pousser la porte, c'est la question qui importe,
Le regard qui la fait naître, ouvrez la fenêtre
Il y a mille et une manières de connaître
Mille et une façons de suivre la leçon, qu'importe
Le cours qui prenait fin me laissait sur ma faim
Cartable sur la table, livre encore ouvert
Comme le journal à la page des faits-divers
Déjà nous savions que la quête n'aurait pas de fin
J'inventais le verbe semer, des idées comme de l'herbe
Les pensées aussi ça se sème, prenez-en de la graine
Bon jardinier semaille chaque jour de la semaine
A bonnes semailles, belles récoltes et savoir superbe...
© Jean-Louis Crimon. La chanson amère.(1978-79)