341
Je me souviens de ces petits bonshommes, ou petites bonnes femmes, qui servent à bloquer les volets, une fois ouverts. Problème : leur nom. Arrêts de volets n'est pas très glamour. Butées, pas davantage. Comment donc nommer ces petites têtes qui font toujours la tête et sont pourtant si aimables ? Têtes levées, dans la journée. Têtes baissées, le soir, quand on ferme les volets. Pour la nuit. Quand on se prépare à compter les moutons. Têtes de bergère, voilà le nom.
342
Je me souviens de 150 salariés sous la pluie d'un samedi après-midi qui essore leur désespoir face à la fermeture de leur usine de sèche-linge. Il n'y a pas foule pour défendre Whirlpool. L'usine part pour la Pologne. Quand un patron délocalise, c'est l'emploi qui fait sa valise.
343
Je me souviens de " I remember " de Joe Brainard, l'inspirateur de Perec. C'est Joe Brainard, le premier, qui invente cette conjugaison de souvenirs insolites ou insolents. Joe Brainard, plasticien Américain, né en 1941, dans l'Arkansas, New-Yorkais au début des années soixante. Publie ses premiers " I remember" en 1970.
344
Je me souviens du beau regard de Renaud, le jour où je lui ai dit, que mon premier livre, mon livre vraiment à moi, cadeau de ma mère pour mes 11 ans, c'était La Cachette au fond des bois. Auteur : Olivier Séchan. Librairie Hachette. 1960. Par son père, je devenais son frère.
345
Je me souviens du Pavillon Bleu où, parait-il, dans le temps, on s'encanaillait gentiment.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.