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Je me souviens des chroniques dominicales du Marquis des Dessous chics. A la boulangerie, le dimanche, m'arrive d'acheter Le Courrier picard rien que pour lui. Pour le lire, lui. Un regard ironique et décapant, tendre souvent, sur la vie et sur les gens. Rock et baroque. En prime, quelques vacheries gentiment balancées. Histoire d'être fidèle à son crédo inavoué : J'écris pour vous agacer.
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Je me souviens de la Citadelle, vieille forteresse militaire du XVIIe siècle. A l'origine érigée sur ordre du Roi Henri IV pour protéger le nord du royaume des troupes impériales des Pays-Bas espagnols. Site militaire jusqu'en 1993, la Citadelle accueillera bientôt les étudiants de Sciences humaines et sociales. Belle reconversion.
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Je me souviens de Georges Franju qui tourne La tête contre les murs derrière les murs de Philippe Pinel, avec Charles Aznavour dans le rôle du jeune homme enfermé dans un asile psychiatrique. Scénario et adaptation signés Jean-Pierre Mocky, d'après le roman de Hervé Bazin.
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Je me souviens de l'année où Luiz Rosas m'envoie, pour Leitura furiosa au quartier femmes de la Maison d'arrêt d'Amiens. Atelier d'écriture dans une cellule transformée en mini bibliothèque. Des femmes en jogging le premier jour, des femmes métamorphosées, habillées en femmes, dès le deuxième jour. Des mots-paroles devenus des mots écrits. Des mots traduits. Des cris écrits et lus. A voix basse, d'abord, puis à haute voix. Murmures qui font le mur. Enfin, cette superbe déclaration d'amour le dernier soir du dernier jour : Merci d'être venu, on a compris, la lecture est le plus sûr moyen d'évasion.
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Je me souviens de cette carte postale du Cirque, postée d'Amiens le 2 juillet 1904, - cachet de la Poste faisant foi- et ce post-scriptum adorable : "C'est en ce moment la foire d'Amiens, la ville est bruyante et animée."
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.