316
Je me souviens de la Maison du Sagittaire, la plus belle du Vieil Amiens, avec ses quatre figures de femmes drapées qui caressent des oiseaux.
317
Je me souviens des faubourgs qui entourent la ville ancienne, de ceux qui ont reçu le nom de la route qui les traverse - faubourg de Beauvais, faubourg de Noyon -, comme de ceux qui ont pris le nom des petites communes rurales qu'ils ont absorbées, La Neuville ou Montières.
318
Je me souviens que dans les faubourgs habitaient les trois quarts de la population amiénoise, surtout les ouvriers et les ouvrières des grandes industries locales : industries textiles et leurs ateliers de teinture, bien sûr, mais aussi industries métallurgiques et chimiques.
319
Je me souviens des six mille femmes qui sont, à domicile, culottières, giletières ou vestonnières. Elles vont, chaque matin, chercher à la maison qui les emploie, les pièces coupées, pour les assembler, et rapportent le soir les vêtements achevés.
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Je me souviens des charmes de Samarobrive, la Petite Venise, tendrement enlacée par les onze bras de la Somme.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.