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24 juin 2017 6 24 /06 /juin /2017 14:57
L'Est Républicain. Mercredi 2 novembre 1932. Quatrième page. © Jean-Louis Crimon

L'Est Républicain. Mercredi 2 novembre 1932. Quatrième page. © Jean-Louis Crimon

 

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Un fait-divers ne fait pas toujours diversion. Ce fait-divers du 2 novembre 1932 te ramène au cœur de ta quête. A la recherche de ce grand-père inconnu. Ce grand-père inconnu qui n'a pas reconnu ta mère, lui laissant pour seul cadeau de naissance ce statut d'enfant "illégitime", de bâtarde, même si ta mère sera dite plus souvent et plus élégamment "enfant naturelle". Sans jamais pouvoir porter le nom de son père. Sans jamais pouvoir se nommer Zanda.

Ce grand-père inconnu avait donc un fils. Ce fils, dont L'Est Républicain t'apprend soudain l'existence. François Zanda, fils de Francesco Zanda, né en 1929, juste après ta mère, née en 1928. Trois ans en 1932.

Le petit Zanda doit être un gamin très turbulent, sinon très imprudent. C'est par lui que la lumière arrive. Que l'histoire s'éclaire. Que le roman familial prend forme.

Quatre-vingt cinq ans plus tard, sous la plume précise du fait-diversier, la vérité éclate de nouveau. Zanda a bien eu un fils, après sa fille Juliette, conçue avec Berthe Leloup. Un fils appelé, comme son père, tradition sarde oblige, François Zanda.

 

Un enfant est renversé par une auto.

La semaine dernière, un automobiliste se dirigeant vers Murvilie, arrivait à proximité des premières cités de Bonvillers, quand il aperçut plusieurs enfants qui jouaient sur le côté droit de la route, sens de la marche, et un troupeau d'oies qui tenait la gauche; quelques mètres plus loin, un deuxième troupeau venait à droite. L'automobiliste, afin de prévenir les enfants de son approche, actionna son appareil avertisseur et prit légèrement sa gauche pour les doubler. Au moment où il passait à la hauteur du groupe formé par les bambins, l'un d'eux, un garçonnet de 3 ans, le petit Zanda François, traversa la chaussée en courant et un deuxième suivit. Ne pouvant passer derrière le premier, par crainte de heurter le second, le conducteur donna un brusque coup de volant à gauche et les deux roues avant de sa voiture allèrent tout doucement dans le fossé ; à ce moment, il ressentit un léger choc provenant de la droite du véhicule et s'arrêta aussitôt. Descendant immédiatement, il se porta au secours de l'enfant Zanda qui avait dû être touché par le marchepied, et le releva ; l'enfant fut ensuite emmené au domicile de la personne qui le garde. L'automobiliste fit appeler un docteur et, en attendant son arrivée, l'enfant fut soigné par l'infirmier de la mine de Murvilie. Le petit blessé porte des contusions multiples sur les deux jambes et une large plaie à la tête ; le docteur a jugé son état sans gravité, sauf complications. Grâce à la prudence et à l'allure modérée à laquelle roulait l'automobiliste, cet accident n'aura aucune suite fâcheuse ; mais il serait utile que les mamans surveillent de plus près leurs enfants, surtout les tout petits.

 

Francesco Zanda avait un fils. Un fils qui s'appelait François Zanda. Juliette, ma mère, ne saura jamais qu'elle avait un demi-frère. Reconnu, lui, par son père. Juliette n'eut pas cet honneur là.

 

La vérité sort de la bouche des enfants. Quand ils traversent la rue imprudemment et qu'ils se retrouvent dans la page des faits-divers. Mémoire de papier qui a très bonne mémoire.

 

© Jean-Louis Crimon

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