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J'aurais tant aimé, mon grand-père inconnu, que tu me racontes ton premier jour de travail à la mine. Que tu me dises quel âge tu as quand ça commence. Même pas 10 ans. Comment on t'explique ce qu'il faut faire. Comment tu comprends que c'est ton destin puisque tu es l'aîné. Comment, le soir du premier jour, se passe ton retour à la maison de la rue près de l'église. Ce que te disent tes parents. A quoi tu penses quand tu cherches le sommeil et que tu te repasses le film de la journée.
Est-ce que les enfants aident les femmes dans leur travail ? Les femmes cassent les pierres, à coups de marteau et à mains nues, pour en extraire les minerais, zinc ou plomb, avant de les mettre dans des sacs. Toi, tu leur prépares les pierres ou tu préfères porter les lampes des mineurs ? avec ce morceau de bois au-dessus des épaules pour en prendre plusieurs à la fois ? Le travail à la mine, ça doit te changer du temps où tu jouais dans la montagne en gardant les chèvres. Ton père, Antioco Zanda, aurait bien préféré que tu sois berger. Mais, bien sûr, le travail à la mine, ça rapporte un peu plus d'argent à la maison.
J'aurais aimé aussi que tu me dises comment, avec tes yeux d'enfant, tu ressens ce travail dans les entrailles de la terre. Comment tu comprends les adultes quand ils parlent de luttes ou de grève pour améliorer les conditions de vie et de travail des mineurs du bassin minier sarde.
Oui, vraiment, j'aurais tant aimé que tu me racontes et que tu m'expliques tout ça, mon grand-père Zanda.
© Jean-Louis Crimon