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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 12:37
Amiens. Saint-Leu, jour gris de pluie grise. Janvier 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Saint-Leu, jour gris de pluie grise. Janvier 2017. © Jean-Louis Crimon

 

 

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Je me souviens des chroniques dominicales du marquis des Dessous chics. A la boulangerie, le dimanche, m'arrive d'acheter Le Courrier picard rien que pour lui. Pour le lire, lui. Un regard ironique et décapant, tendre souvent, sur la vie et sur les gens. Rock et baroque. En prime, quelques vacheries gentiment balancées. Histoire d'être fidèle à son crédo incrédule : j'écris pour vous agacer.

 

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Je me souviens de la Citadelle, vieille forteresse militaire du XVIIe siècle. A l'origine érigée sur ordre du Roi Henri IV pour protéger le nord du royaume des troupes impériales des Pays-Bas espagnols. Site militaire jusqu'en 1993, la Citadelle accueillera bientôt les étudiants de Sciences humaines et sociales. Belle reconversion.
 

 

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Je me souviens de la façon dont J. Bellemère parle, dans les années vingt,  du quartier Henriville. Jugement plutôt cruel. Même si, belle plume ce Bellemère : « C'est le quartier chic de la ville, et la haute bourgeoisie, la noblesse, les "personnes comme il faut", l'ont en grande affection. Cette résidence favorite des gens du monde est mortellement ennuyeuse, avec ses rues tracées au cordeau, son aspect morne, ses maisons du style "écuries de luxe", ses rares passants de "bonne tenue" et son église de briques, laide à faire pitié.» 

 

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Je me souviens de l'année où Luiz Rosas m'a envoyé, pour Leitura furiosa au quartier femmes de la Maison d'arrêt d'Amiens. Atelier d'écriture dans une cellule transformée en mini bibliothèque. Des femmes en jogging le premier jour, des femmes métamorphosées, habillées en femmes, dès le deuxième jour. Des mots-paroles devenus des mots écrits. Des mots traduits. Des cris écrits et lus. A voix basse, d'abord, puis à haute voix. Murmures qui font le mur. Enfin, cette superbe déclaration d'amour le dernier soir du dernier jour : Merci d'être venu, on a compris, la lecture est un excellent moyen d'évasion.

 

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Je me souviens de cette carte postale du Cirque, postée d'Amiens le 2 juillet 1904, - cachet de la Poste faisant foi- et ce post-scriptum adorable : "C'est en ce moment la foire d'Amiens, la ville est bruyante et animée."

 

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Je me souviens de cet instant où j'ai vu s'illuminer le visage de Giang, la maman Vietnamienne à qui la CAF demande le remboursement immédiat de 3.000 €uros d'allocations familiales versées par erreur. Je lui ai simplement dit : écris..."Nous sommes quatre Vietnamiens, deux adultes, deux enfants, cinq et neuf ans, à Amiens depuis 2 ans". Regarde, c'est fabuleux, "il y a AMIENS dans VietnAMIENS". On va le lui dire au Préfet. Ça ne va pas forcément l'émouvoir, mais, sûr, ça va jeter un petit doute dans son esprit. L'humour comme arme de recours, pour requalifier une carte de séjour.

 

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Je me souviens de la Maison Camille Arnoux, Maison de Confiance, fondée en 1888. Spécialité de portraits d'enfants. Reproductions, Agrandissements en tous genres. Médaille d'Or à l'Exposition Internationale de Paris 1904. Avenue du Général Foy, près de la Gare St Roch et de la Caserne du 72éme. Grande Photographie Parisienne. Les clichés sont conservés.

 

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Je me souviens de l'interview de la Cicciolina au Pré Porus, de son vrai nom Elena Anna Staller. Chanteuse, actrice de films érotiques et politicienne, Italienne d'origine hongroise. L'actrice passe aussi pour être parfois un tantinet exhibitionniste. Lors d'un débat télévisé, sur une chaîne italienne, elle a exhibé son sein gauche pour illustrer - non pas ses plates formes - mais sa plate-forme politique, plutôt de gauche. Au Pré Porus, j'ai eu droit aussi à l'affirmation de ses convictions de gauche. Le sein, c'est sain.

 

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Je me souviens des ouvrages publiés chez Encrage par Alain Trogneux, Amiens, années cinquante, Amiens, années soixante, Amiens, années soixante-dix... Belle permanence et jolie persévérance de l'auteur. Amiens, c'est du baume au cœur.

 

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Je me souviens des années philo qui filent au fil de l'eau, relisant Rousseau et rêvant d'écrire un jour "Rêveries du promeneur solidaire".

 

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.

 

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