421
Je me souviens du Coliseum et de la patinoire des Gothiques.
422
Je me souviens de Lucien Ménis, adjoint aux sports de René Lamps.
423
Je me souviens de la rue du Don. Juste à côté de la place du même nom. Où il y avait une Librairie, créée par Alice Petit. Devait s'appeler, je crois, "Sale caractère".
424
Je me souviens de Yakoub Abdellatif et de sa fête du Cloître Dewailly. Chaque année, en juillet. Vrai Voyage au cœur de l'été. Des musiques et des chants du Sud pour endiabler le Nord.
425
Je me souviens de l'heure mauve où s'en viennent boire les licornes. J'ai vu La Licorne mauve s'en venir boire la lumière des projecteurs, et l'incroyable sourire de l'ami Yakoub qui l'adoube. Ça aussi, c'est le mektoub.
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Je me souviens du premier samedi de chaque mois quand les bouquinistes s'installent place de la gare. De cette dame bibliophile avertie qui n'achète que des demi-chagrin et moi, gentiment provocateur, qui veut lui vendre mon chagrin tout entier.
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Je me souviens de Julos Beaucarne qui dort dans la mansarde de la maison de la rue Delpech, après son concert au Cirque municipal. Son pull arc-en-ciel aux couleurs de son cœur de poète chanteur rêveur, posé sur un dos de chaise. Julos, éternel vrai frère.
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Je me souviens de Marie-Madeleine Duquef et de son amassoèr, dictionnaire de tous les mots picards possibles. Marie-Madeleine Duquef qui gagna autrefois le concours d'insultes en picard. Matcheu d'pulpes, baiseux d'glennes, graint queutcheux !
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Je me souviens de cet homme étrange, toujours en jupe, et qui tenait son sac à mains à deux mains, devant sa jupe. Les gens disaient qu'il se faisait appeler Sophie.
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Je me souviens de ce moment bizarre des soirs de janvier, quand la lumière a cet accent particulier qui indique le retour des beaux jours.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.