241
Je me souviens de trois fois rien, car... trois fois rien... c'est déjà quelque chose. Dixit Devos, bien sûr, bien avant moi.
242
Je me souviens que le quartier Henriville a été nommé ainsi en hommage au Roi Henri IV.
243
Je me souviens de ma première manif et du regard porté sur nous par les passants scotchés sur les trottoirs, sidérés de nous voir gueuler, poing levé : "Ta réforme est foutue, tes étudiants sont dans la rue !"
244
Je me souviens de "Tas de feignants, au boulot ! " qui jaillissaient par endroit, quand le cortège stationnait devant des banques ou des commerces.
245
Je me souviens du bonheur que nous avions à acheter et à lire Combat, à tout jamais, pour nous, le journal d'Albert Camus.
246
Je me souviens de mon doublé en match corpo, une lucarne et un péno, avec l'USCP, contre l'équipe des forains de la Foire de la Saint-Jean. Suprême honneur : la Coupe du meilleur buteur reçue en ouverture de la troisième mi-temps.
247
Je me souviens de cette maison où Jules Verne vécut 14 ans et où il mourut le 24 Mars 1905, à l'âge de 77 ans. Elle se trouve au 44, Boulevard Longueville, désormais Boulevard Jules Verne.
248
Je me souviens de Jean-François Danquin et de son art de la portraitrise, le portrait trahi volontairement par son auteur. Avec une délectation rare et un sens aigu de l'humour vache.
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Je me souviens que René Lamps m'aimait bien.
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Je me souviens de ma première rentrée universitaire et de mon incapacité à parler en public, désemparé, apeuré, tout en bas de l'amphi des étudiants de philo-psycho-socio. Une centaine de paires d'yeux et moi, perdu au milieu.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.