21
Je me souviens du Café de la rue Henri Martin qui s'appelait "Aux ailes d'argent ", sans doute en hommage aux coulonneux qui s'y retrouvaient autrefois pour baguer et enloger leurs voyageurs.
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Je me souviens de Nisso Pelossof, photographe, né sur l'île de Rhodes, et de son parcours terrestre et humain, raconté si bien dans son autobiographie "D'une île à l'autre". De l'île de Rhodes à l'île aux fagots, jolie destinée pour cet amoureux inconditionnel des Hortillonnages, cet homme si humain qui avait triomphé de la barbarie nazie et survécu à Auschwitz et à Mauthausen.
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Je me souviens de René Lamps et de Georges-Louis Collet, arrachant, armes aux poings, - légende ou pas - le Progrès de la Somme aux mains des collaborateurs, pour en faire Le Courrier Picard.
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Je me souviens de Robert Marchand, né à Amiens, le 26 novembre 1911, cycliste inoxydable qui, à 105 ans, te pédale encore en douceur 22 kilomètres dans l'heure. Record mondial à tout jamais inégalable.
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Je me souviens des quatre Lemaire, trois frères et leur père, fusillés par les Allemands parce qu'ils étaient communistes et résistants.
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Je me souviens de Pinchon, Joseph-Porphyre Pinchon, le père de Bécassine, né à Amiens. Bécassine, première héroïne de l'histoire de la BD. La tombe de Pinchon se trouve au cimetière Saint-Acheul. Le père de Bécassine a aussi donné vie à Frimousset, Grassouillet, Suzel, Olive et Bengali, Loulotte, Madame la marquise de Grand'Air et Monsieur Proey-Minans.
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Je me souviens de Christian Sutcliffe, guide-conférencier, au talent insolent pour vous mettre en scène les petits faits de la grande saga amiénoise. Sa façon d'accueillir mon micro n'a jamais varié : " Toi, tu n'as pas besoin de faire l'âne pour avoir du son ! "
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Je me souviens de Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, né à Amiens, et de ses Liaisons Dangereuses, roman traduit dans le monde entier. Laclos, militaire de métier, connu aussi pour être l'inventeur du boulet creux, ancêtre de l'obus.
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Je me souviens de Gilles de Robien, à la fin des années quatre-vingts, dans le quartier du vieux Montières, me disant : Je fais de la politique pour aider les gens à être heureux le peu de temps que nous avons à vivre sur Terre. Profession de foi peu courante chez les politiques de ce temps-là.
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Je me souviens de l'entraineur de l'ASC, Denis Troch, et du dernier entraînement à La Licorne, le matin du jour de la finale de la Coupe de France, contre Strasbourg, et de cette métaphore filée le long du bord de touche, ouverture lumineuse : Passez les ballons que vous aimeriez recevoir !
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.