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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 09:31
Paris. Bruno. 2012. © Jean-Louis Crimon.

Paris. Bruno. 2012. © Jean-Louis Crimon.

Cher toi qui a la chance d'avoir un toit,

 

Ta radio, en ce matin du premier jour de l'hiver, s'intéresse soudain à ceux qui sont dehors. On leur offre des radios, dérisoire réconfort. Même si, à sa façon, la radio, ça tient chaud. Place de La République à Paris, la colère d'Augustin Legrand - (" On fabrique des sans-abris tous les jours ") -, te rappelle tes propres mots, sur ton Blog, il y a tout juste... quatre ans.

 

Premiers froids.  Première gifle de l'hiver. Histoire de nous ramener au réel. Le réel, c'est quand il gèle. Quand ça pèle. Alors, on prend conscience. De la dureté des temps. De la froideur des nuits. C'est vrai, on avait oublié. Pourtant, celui qui dort dehors... dehors, il y dort aussi en été. Je sais, l'été, c'est pas pareil. C'est connu : La misère au soleil...

Dormir dehors. Mourir de même. La radio t'annonce le premier mort de l'hiver. A peine si ça t'étonne. On est encore en automne. Mourir dans la rue. Mourir sur le trottoir. Comme si c'était naturel. Normal. Banal. Les vendanges de la mort. Chaque année, la même rengaine. Quand le froid dégaine, dehors, c'est mortel. Le froid est un bandit cruel. Le bandit n'est pas manchot. L'oubliez pas, vous qui êtes au chaud.

Pensez à ceux qui ont froid. Qui meurent de froid. Tellement que, parfois, souvent, ils en meurent vraiment. Pensez à ceux qui vivent et s'endorment dehors. Ceux que l'hiver embrasse. Baiser de la mort. Sur des lèvres déjà bleues. Des lèvres déjà froides. Pour n'avoir pas trouvé un peu de chaleur. De chaleur humaine. Chaleur d'autres lèvres. Chaleur d'une bouche. Bouche à bouche salvateur. Du bout des lèvres, ils vous l'avouent : leur malheur, c'est d'abord manque de chaleur.

Unique réconfort de celui qui vit dehors : la chaleur... d'une bouche... de métro.  

 

Quatre ans plus tard, tu peux exactement écrire les mêmes mots. Rien n'a changé. Ou plutôt si : on dirait que ça empire.

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V
Mais cette lettre, on la fait tous, en silence, parce qu'à nous même. Et puis, et puis quoi ? Rien. Si certains crèvent de froid, de solitude, de faim, de l’indifférence, du vide, moi je crève de mon impuissance, je crève de voir, je crève de me dire en silence, je crève toute l'année. J'ai vu cet été ceux qui crèvent à Madrid sous 40°. Tous ces mots à nous mêmes me donnent la gerbe. Je n'en peux plus de lire, de voir, de dire... Arrêtons de nous donner bonne conscience en nous faisant croire que l'on voit ce que les autres ne voient pas, juste parce qu'on l'exprime. Comme j'aimerais m'appeler Coluche pour avoir à mon actif les resto du coeur. Il est temps de réagir, d'agir. Nous sommes nombreux à vomir ces situations de vie inhumaine. Que faisons-nous ? Allons-nous voter comme de bons soldats aux présidentielles ? Ils me semble que l'occasion est belle pour hurler notre limite dans ce système politique, qui arrive à bout de souffle, qui ne répond plus aux problèmes générés par cette période de transition. Alors, pour la première fois, je me dis que je vais voter blanc, parce que personne ne me parait être en position pour que cette période de transition se passe au mieux. Je ne suis pas certaine que ce soit un bon choix mais, en ai-je un autre ? Si nous étions quelques millions à le faire, histoire de créer un petit séisme... bien que celui du brexit ait fait un flop, ainsi que l'élection de Trump d'ailleurs... mais si nous faisons comme d'habitude, si nous faisons semblant de croire que l'homme providentiel est là... j'ai bien peur que le cahot inaudible à ce jour, finisse par se faire entendre, lui.

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