Cher toi qui a la chance d'avoir un toit,
Ta radio, en ce matin du premier jour de l'hiver, s'intéresse soudain à ceux qui sont dehors. On leur offre des radios, dérisoire réconfort. Même si, à sa façon, la radio, ça tient chaud. Place de La République à Paris, la colère d'Augustin Legrand - (" On fabrique des sans-abris tous les jours ") -, te rappelle tes propres mots, sur ton Blog, il y a tout juste... quatre ans.
Premiers froids. Première gifle de l'hiver. Histoire de nous ramener au réel. Le réel, c'est quand il gèle. Quand ça pèle. Alors, on prend conscience. De la dureté des temps. De la froideur des nuits. C'est vrai, on avait oublié. Pourtant, celui qui dort dehors... dehors, il y dort aussi en été. Je sais, l'été, c'est pas pareil. C'est connu : La misère au soleil...
Dormir dehors. Mourir de même. La radio t'annonce le premier mort de l'hiver. A peine si ça t'étonne. On est encore en automne. Mourir dans la rue. Mourir sur le trottoir. Comme si c'était naturel. Normal. Banal. Les vendanges de la mort. Chaque année, la même rengaine. Quand le froid dégaine, dehors, c'est mortel. Le froid est un bandit cruel. Le bandit n'est pas manchot. L'oubliez pas, vous qui êtes au chaud.
Pensez à ceux qui ont froid. Qui meurent de froid. Tellement que, parfois, souvent, ils en meurent vraiment. Pensez à ceux qui vivent et s'endorment dehors. Ceux que l'hiver embrasse. Baiser de la mort. Sur des lèvres déjà bleues. Des lèvres déjà froides. Pour n'avoir pas trouvé un peu de chaleur. De chaleur humaine. Chaleur d'autres lèvres. Chaleur d'une bouche. Bouche à bouche salvateur. Du bout des lèvres, ils vous l'avouent : leur malheur, c'est d'abord manque de chaleur.
Unique réconfort de celui qui vit dehors : la chaleur... d'une bouche... de métro.
Quatre ans plus tard, tu peux exactement écrire les mêmes mots. Rien n'a changé. Ou plutôt si : on dirait que ça empire.