Cher auditeur ne sachant plus auditer...
Tu n'en crois pas tes oreilles de vieux radioteux. Scoop matinal sur ta radio préférée : Valls propose de supprimer le 49.3 et annonce, le plus naturellement du monde, s'engager, sur le champ, pour une République fraternelle. Fabuleux, non ? Il y a des matins où c'est bien de se lever plutôt tôt et d'en être déjà à son troisième ou quatrième kawa. Car l'annonce de l'ancien Premier, c'est tout de même fort de café.
Que Manuel Valls, ex PM du Président de la République François Hollande, annonce aujourd'hui sa décision de supprimer cette "arme constitutionnelle", qu'il a lui-même utilisée à de non négligeables reprises, ce n'est même pas un effet d'annonce, c'est vraiment impensable, incroyable. Tellement stupéfiant, tellement sidérant, mais tellement... stratégique. Diabolique. Juste avant de déposer, ce jeudi soir, 18 heures, sa candidature à la primaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier prochains. Tu le crois pas !
Supprimer un recours qu'on a soi-même utilisé à moult reprises, supprimer ce moyen fabuleux qui permet d'adopter des projets de loi sans vote, supprimer cet abus de pouvoir légal, pas banal, c'est phénoménal, non ?
Car, pour mémoire, avant de valser, le 49.3 aura été plutôt précieux, pour le Premier ministre Valls, du projet de loi Macron de février 2015 au projet de loi El Khomri sur la réforme du Code du Travail en juillet 2016. Qu'un PM, premier ministre, sorte le 49.3 comme un PM, pistolet mitrailleur, et soudain -la sale besogne menée à bien-, déclare tout de go, de bon matin, faut l'abandonner à tout jamais, c'est pour le moins... désarmant.
Même si, dans le recours au 49.3, l'ancien premier ministre est loin d'avoir atteint le record d'un autre Premier Ministre, Michel Rocard, record qui s'établirait - à vérifier - à une petite trentaine de recours au 49.3.
Cette suppression pure et simple du 49.3 de la Constitution, qui nécessite une réforme constitutionnelle, pourrait faire l'objet d'un référendum à la rentrée 2017, si Manuel Valls est élu président.
Ce qu'on peut dire de bon matin, à la radio, en campagne électorale, n'engage que les oreilles qui écoutent et qui goberaient les promesses de circonstance. Les promesses d'un homme de pouvoir qui, d'un coup, d'un seul, voudrait faire croire qu'il est dans l'opposition. Quand celui qui a dirigé de la main droite se souvient brusquement qu'il a aussi une... main gauche.