Cher petit passeur d'instants,
Triste fin pour une horloge. Elle a passé son temps à la mesure du temps. A donné l'heure plus souvent qu'à son tour. Sans jamais imaginer une seconde qu'il était déjà là le temps de son compte à rebours. Une horloge, même rebaptisée pendule, ça roule pas des mécaniques. Le temps, c'est diabolique.
Le temps finit sa vie à la poubelle. Tu veux dire l' instrument de mesure du temps. L'instrument a fait son temps. Le temps, lui, est toujours vivant. Temps passé, temps vécu, temps perdu, tant pis. Temps présent, temps futur. Temporel, temporaire, temporalité, tempo, tempus, temporis, n'en jette plus ! Avec le temps, dès le départ, tu es battu. Tu aimes la photo pour ça. Ce pouvoir illusoire d'arracher au temps destructeur ces parcelles de vivants... vivant.
Saisir le temps qui passe, le temps qui lasse, le temps qui casse, le temps qui se casse. Saisir en un instant. D'instinct. L'instinct de l'instant.
Pas une minute à perdre. Pas le temps de s'ennuyer. Il y a du pain sur la planche. Avant que ça ne flanche.
Ceux qui pensent tromper le temps se trompent. Rien ne peut arrêter le temps. Le temps s'écoule, le temps s'enfuit. Temps d'hier en aujourd'hui. Demain, c'est sûr, n'est demain qu'au futur. Le temps est un géant anthropophage. Toi, tu le sais, tu le sens, Le temps est un suceur de sang.