Cher paisible mécréant,
Tu l'avais presque oublié. Enfin, pas vraiment. Tu le savais, comme on a connaissance d'une évidence. Au village, il y avait un Temple. Le Temple des Protestants. Toi, tu étais né côté catholiques et donc, tu allais à l'Eglise. Mais tes meilleurs copains étaient protestants. Il y avait aussi deux cimetières: le cimetière des catholiques et le cimetière des protestants. Dans ces deux manières de vivre et de mourir, tu avais senti, très tôt, que ce Dieu que tous voulaient unique et singulier était vraiment pluriel et multiple. De là, sans aucun doute, dès tes 7 ans, -l'âge de raison- un scepticisme qui ne te quittera jamais. Une distance réelle avec ces choses de la vie éternelle, ce Dieu tout puissant, et ce Credo qu'il fallait savoir par cœur. Toi, ton cœur était ailleurs. Au catéchisme ou à la Messe, tu t'évadais par la pensée pour échapper à la main mise céleste et à ses terribles châtiments.
Souvenir très présent ce matin, les taquineries dont tu es la cible de prédilection. Tes copains protestants ne sont pas protestants tout le temps. Leur humour n'est pas toujours très catholique.
A la question: Tu crois en Dieu ? tu leur réponds sans hésitation: J'en sais rien, mais, sûr, s'il existe, lui, il croit en moi !