Cher passeur de mots,
Parfois, tu te laisserais bien séduire par le silence. Le "chut", un doigt sur la bouche, l'index ou le majeur, le silence enfin devenu... majeur. Parfois, ne rien dire est plus fort que toutes les paroles possibles. Words, words, words... Trop de mots, trop de phrases dans la bouche de ces phraseurs patentés, pas tentés par le sens du silence. Assez, assez, assez. La surenchère n'est pas la panacée.
Est-ce parce que cette Lettre à toi-même est la 213ème lettre depuis ce 1er Janvier 2016 où tu t'es inventé ce défi absurde de t'écrire chaque jour, chaque matin ou chaque soir, une lettre à toi-même, parce que tu ne supportais plus ta boîte aux lettres désespérément vide ? Est-ce parce que tu ne perçois que du bruit dans l'incroyable vacarme du monde ? Est-ce parce que tu cherches en vain l'annonce de l'antépénultième seconde ?
Tu sens que ça se presse sur le quai du vieux monde...