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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 10:17
Compiègne. Léo et toi. 1983. © DR

Compiègne. Léo et toi. 1983. © DR

Cher nostalgique du temps qui passe,

 

Tu te rends compte, ce 24 Août 2016, Léo aurait 100 ans. Sur la photo, doit en avoir 67, et toi -si vraiment cette photo date de 1983- tu en as 33.

67 ans, c'est l'âge que tu as aujourd'hui. Tes 100 ans à toi, c'est pour l'an 2049. Mais, comme Ferré, sans aucun doute, tu te seras absenté bien avant.

La photo a dû être prise dans la soirée du spectacle de Compiègne. Après l'interview dans la loge où Paco Ibanez était venu saluer Léo. Il y avait Marie aussi. Marie qui à chaque fois disait: Léo, c'est le journaliste d'Amiens, tu sais. Il est gentil, lui. Tu peux le recevoir. Léo souriait de ce sourire incroyable et te chuchotait à l'oreille: Si Marie le dit... Elle vous adore, vous savez, Marie, elle vous adore. Vous êtes chanceux.

Interview incroyable ce soir-là. Il n'y avait pas de flasque, à droite, pas de bobine vide sur le Nagra. Pas d'enrouleur pour enrouler la bande magnétique une fois passée devant la tête d'enregistrement de la Rolls des magnétos. Tu étais parti précipitamment de la Radio où tu travaillais depuis peu. Tu n'avais pas pris le temps de vérifier le matériel. Une fois dans la loge de l'artiste, la sacoche de cuir ouverte, tu mesurais l'étendue du désastre. Sans rien montrer à Léo, tu lui as demandé alors de tendre les bras devant lui, comme quand on faisait des pelotes de laine à partir d'écheveau. Génial souvenir d'enfance. Ta mère achetait souvent des écheveaux de laine et demandait aux enfants de tendre les bras bien devant eux. Grand enfant, Léo a accepté, sans cacher son inquiétude pour la réussite de l'opération. Quinze minutes plus tard, la relecture du début de l'enregistrement lui arracha un énorme sourire de satisfaction. Bravo petit, je n'y croyais pas, c'est bien la première fois qu'on me fait tendre les bras tout au long d'une interview, concéda l'anar au coeur tendre.

Une autre fois, au Havre, après le spectacle, Léo t'a pris par le bras et vous avez marché tous les deux, comme ça, bras dessus-bras dessous, comme deux copains, deux frangins, deux amis, dans la nuit noire qui faisait luire le pavé humide de la petite rue qui conduisait au restaurant. A table, vous étiez quatre. Ferré t'avait placé à côté de lui. Marie en face de toi. Vous avez parlé du temps, seul problème philosophique vraiment important. Léo t'a dédicacé son Testament phonographe, ce Testament entièrement écrit à la voix. Un poète, ça écrit toujours avec la voix.

 

" Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix​... "    

 

Non, Léo. Ta voix est inoubliable.

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