4 août 2016
4
04
/08
/août
/2016
00:01
Cher baroudeur impatient,
Tu t'étonnes à peine de la violence soudaine de l'averse. Aprés-midi à relire "Il pleut en amour" de Brautigan. La pluie fait un de ces raffuts sur la véranda et ça fait une bien bizarre musique, douce et barbare à la fois. Cliquetis métallique. Mélodie en sous-ciel.
Les poèmes de Brautigan sont des photos. Instants piqués au dérisoire de l'existence. On y entre et on sort instantanément. Jamais indemne. C'est physique et métaphysique. Tendu et inattendu. Chronique et anachronique. Tu adores ce texte où Baudelaire prend Jésus en stop:
Baudelaire conduisait
un modèle A
à travers la Galilée.
Il prit un
auto-stoppeur nommé
Jésus qui s'était
tenu au milieu
d'un banc de poissons,
leur donnant des morceaux
de pain à manger.
"Où est-ce que vous allez ?" demanda
Jésus en s'asseyant
sur le siège avant.
"Anywhere, anywhere
out of the world !"
s'écria Baudelaire.
"Je vais avec vous
jusqu'au
Golgotha",
dit Jésus.
"J'ai une
place réservée
pour le carnaval
il ne faut pas que j'arrive
en retard."
Richard Brautigan, frère d'écriture, tellement doué pour les fulgurances faussement banales, comme " Il pleut quelque part, ça fabrique des fleurs et ça rend les escargots heureux."