Cher vieux pacifiste jaurèssien et pas seulement,
C'est sans doute parce que ton père a longtemps été jardinier dans les cimetières militaires britanniques, à la Commonwealth War Graves Commission, la Commission anglaise, comme il aimait dire, ton paternel, que tu as ces idées-là. Aussi parce que ton père s'est tapé, en prime, pour ses 20 ans, deux années de STO, en Allemagne. "Déporté du Travail" -arrêté, menotté et embarqué par des gendarmes français, tenait-il à préciser à chaque fois. STO, du 27 avril 1943 au 25 avril 1945.
Moralité: en 2016, sous un gouvernement socialiste, "La Chanson de Craonne" est toujours interdite par le commandement militaire. En 1917, la censure était "motivée" en raison de "ses paroles antimilitaristes, défaitistes et subversives incitant à la mutinerie alors qu'une guerre est en train de se livrer sur le territoire national." En 2016, aucune explication n'a été donnée, seule l'interdiction a été transmise.
Temps de guerre ou temps de paix, au Pays des Droits de l'Homme, pas le droit de chanter "La Chanson de Craonne"!
Vraiment, François Hollande, ton Gouvernement déconne ! Au cas où... tu sais, ça se fredonne...
La Chanson de Craonne
Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.
Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
Refrain
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
Refrain
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !
Au Cimetière Allemand de Fricourt, en cette soirée de commémoration du 1er Juillet 1916, (3000 morts entre 7 heures 34 et 7 heures 37, 60.000 morts à 13 heures), personne n'a pris la défense de La Chanson de Craonne.
Si tu étais Ministre de la Défense ou Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, tu te dirais qu'il y a maldonne, que c'est la mémoire que La Défense offense. Que c'est cela qui devrait être interdit.
En cette soirée du 1er Juillet 2016, toi, tu rêves du jour où un Président de la République Française décidera de remplacer les paroles de La Marseillaise par les paroles de La Chanson de Craonne.
Sûr, ce jour-là, la guerre aura... du plomb dans l'aile.
L'auteur anonyme de La Chanson de Craonne pourra enfin... reposer en paix.
Manifestement, c'est pas demain la veille !
Ceux qui ont cru mourir pour "La der des der" sont toujours en enfer.
Mauricette 02/07/2016 23:34