Le blog de crimonjournaldubouquiniste

Perpétuel écolier,

Tu n'en crois pas tes yeux. Ciel ardoise. Une ardoise plein ciel. Dieu, s'il existe, te provoque avec son ardoise géante. Tu veux écrire, petit mortel, vas-y, écris ! Cette ardoise est pour toi ! Mais fais vite ! Elle est éphémère... Comme ta vie. Comme ta misérable petite existence...

Le ciel, magistral appel à l'insoumission de l'écriture. Ciel ardoise, il y a des siècles que tu n'en as pas vu de pareils. S'il ne te restait une parcelle de raisonnable dans le caillou, tu chercherais de quoi écrire. Un poteau télégraphique. Une échelle. Un stylet de géant. Tu revois ces années d'école primaire, avec le rituel des fins de journée. Chaque élève a son ardoise bien posée sur son pupitre, ou sur ses genoux, avant chaque exercice de mots à prendre à la volée ou de résultat de calcul mental à inscrire avant le passage du Maître. L'ardoise, ça économise le papier, ça autonomise la pensée.

Une heure, une heure seulement, permettre aux écolières et aux écoliers d'aujourd'hui de troquer leur tablette numérique pour une ardoise, une véritable ardoise. Immense expérience.

Quel élève pourrait ne pas rêver d'écrire à la craie sur une ardoise ? Une ardoise sertie dans son cadre de bois. Les exercices d'écriture, les résultats provisoires des étapes du calcul mental, le résultat définitif, les idées de dessin, comme c'était bien.

Pour écrire, le stylet te semblait plus élégant que la craie. Le chiffon plus adapté que l'éponge humide pour réécrire immédiatement après l'effacement des réponses fautives ou des brouillons.