Cher... rêveur,
Va savoir pourquoi, ça te vient souvent comme ça, sans prévenir, sans crier gare, au coin d'une rue, sur le bord d'un trottoir. Trois mots, trois fois rien, deux ou trois rimes, un refrain, et à ce moment-là, toi qui n'est pas chanteur, tu chantes, enfin, ça chante en toi. Les mots chantent et puis s'en vont souvent comme ils viennent, jusqu'à ce qu'une autre chanson s'en vienne... Cette fois, les mots, tu les trouves trop beaux, surtout cette nouvelle façon de conjuguer "avril". Néologisme, diront les savants qui savent. Les mots, tu te les répétes à tue-tête, pour te les fixer bien dans ta tête avant que ton poème ne t'échappe... et que ta chanson ne passe à la... trappe.
Tous ces instants que tu disperses
Te mettent le coeur aux averses
Averses éparses d'un mois de mars
Qui faussement s'avrilise
Pour ne pas faire sa valise...
Le printemps est à la peine
Le printemps est à la traîne
Toi aussi, t' as le coeur en peine
Mais tu sais bien que ça sert à rien
Ta peine, c'est trois fois rien...
Comme tu fredonnes en marchant, une vieille dame t'arrête et te lance:
- Vous êtes chanteur, Monsieur ?
- Non, Madame, juste un peu... rêveur, oui, rêveur, rêveur... fredonneur.