Cher ex Bouquiniste,
Chaque premier samedi du mois, c'est le rituel des Bouquinistes qui s'installent sous la verrière de la Place de la Gare. Un rendez-vous que tu ne manquerais pour rien au monde. Les livres, bouquins, poches ou éditions originales, avec ou sans envoi, brochés, reliés, c'est fait pour toi. Que serait une vie sans livres ?
Cette fois, tu as encore été chanceux. Belles rencontres et belles conversations, même si le fond de l'air était plutôt frisquet. Bonnes pioches aussi.
Rien qu'un violoneux de Hans-Cristian Andersen, un petit livre bleu que tu avais dû t'acheter une première fois, au début des années soixante-dix, à Paris, sur les quais, que tu avais dû prêter et, comme trop souvent, que l'emprunteur ou l'emprunteuse, a oublié de te rendre. Ce titre du plus célèbre des Danois n'est pas le plus courant, ni le plus facile à trouver. Joie intense quand, par hasard, tu as mis la main dessus. 5 €uros, à ce prix là, le bonheur de retrouver un vieil ami perdu depuis plus de 40 ans, ne se négocie pas. Ne se boude surtout pas.
Vers retrouvés, de Charles Baudelaire, 1929, Editions Emile-Paul Frères, Introduction et Notes de Jules Mouquet, t'intrigua pour ses six premières lignes: Au cours de l'automne 1839, Baudelaire, qui avait été renvoyé de Louis-le-Grand le 21 avril précédent, fut mené par un camarade de Collège, Louis de la Gennevraye, à la pension Bailly. Cet établissement ressemblait fort à la Maison Vauquer, "pension bourgeoise des deux sexes et autres" du Père Goriot.
Les décisions d'achat sont souvent très inattendues.
Dernière jolie trouvaille, un petit Actes Sud de 25 ans d'âge, traduit du chinois par Isabelle Bijon: Chienne de vie ! de Ma Jian, peintre, reporter, photographe et écrivain. Un nouveau vrai frère. Inconnu jusqu'à cet après-midi.