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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 00:01
Contay. Le cimetière. Mars 2009. © Jean-Louis Crimon

Contay. Le cimetière. Mars 2009. © Jean-Louis Crimon

 

Cher désespéré lucide,

 

Tu ne sais pas pourquoi ni comment, mais ça te vient comme ça. Sans prévenir. Sans crier gare. Comme une averse de pluie froide. Giboulées noires qui te mélancolisent soudain un avenir que tu te sentais l'envie de voir radieux.

Il y a des matins pas très bien. Des matins qui ont déjà la gueule du soir. Il y a des soirs désespoir. Lassé du culte des apparences qui fascinent tes contemporains. Fatigué des certitudes de ceux qui croient parce que ça les dispense de penser. Ecoeuré par cette information spectacle où les faux savants et les fausses idoles défilent vendre leur camelotte. 

Il y a des jours où tu en as marre de cette sinistre mise en scène du superficiel. Avant, ils croyaient au ciel. Maintenant ils croient au superficiel. Asssez de ces frimeurs, parleurs, hâbleurs, usurpateurs, raseurs perpétuels.

Marre de ceux qui s'assoient dans un métier ou s'y couchent pour la vie entière, parce qu'ils ont vu de la lumière et qu'on les a laissés entrer. Mais qui n'ont ni légitimité ni talent particulier. Qui ont peur du risque, de l'inconnu. Qui n'aiment que ce qu'ils connaissent déjà.

Quand on y pense, on n'a qu'une vie, c'est tellement triste de ne pas aller au bout de tous les possibles.

Il y a des soirs où tu te dis que Socrate a bien fait d'accepter de boire la ciguë. Il y a des jours où tu te dis qu'un jour, vraiment, tu n'auras plus qu'à faire de même.

 

Il y a pire que de n'être pas aimé, c'est de n'être pas compris.

 

© Jean-Louis Crimon

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