Cher pauvre toi-même,
Il y a des jours où tu te dis que tu n'as rien à te dire, rien à t'écrire. Des jours où ta lettre à toi-même n'a pas de raison d'être. Des jours où l'abandon te guette comme dans le Tourmalet, l'année où tu as failli renoncer, n'ayant plus la sveltesse et la souplesse du coup de pédale qui te voyait t'envoler seul vers le sommet, plantant tes amis Sudistes juste après Sainte-Marie-de-Campan. C'était il y a trente ans et trente kilos de moins.
Il y a des jours où tu te sens étranger à toi-même. Où tu te dis que ton regard aussi a changé. Même si tu t'émerveilles toujours d'un rien. D'un rayon de soleil après la pluie. D'une flaque d'eau où la ville se mire ou se marre. D'un Abribus qui te renvoie -rien que pour toi - ton statut et ton état. Ton état d'esprit. Etrange, oui vraiment, ce sentiment de n'être, au fond, depuis le début et jusqu'à la fin, qu'un... ETRANGER.