Poème pour Aylan Gurdi
On croirait qu'il dort
Mais le nez et la bouche sont trop près du sable
L'eau ne le réveille pas
Il est au bord de la mer
De quelle mer, j'en sais trop rien,
Peut-être la Méditerranée,
Ou plutôt la... "Mais dis t'es damnée"...
On croirait qu'il dort
Mais il est mort,
Si petit et déjà plus rien,
Les Ponce Pilate de l'Europe entière
S'en lavent déjà les mains,
C'est pas moi, c'est pas nous,
C'est la faute à demain, c'est la faute à hier...
C'est la guerre ou le destin qu'on accuse
On croirait que la mer s'excuse
D'avoir noyé le petit enfant
Les vagues se font douces
En faisant un peu de mousse
Dernière caresse sur sa frimousse,
Mais trop tard, ça ne le fait pas sourire...
Il est trop froid déjà et les morts
On le sait, ça ne sourit pas, ça ne sourit plus
J'ai honte de moi, j'ai honte de nous,
Qu'ai-je fait pour éviter ça, que ferons-nous ?
Mourir noyé à son âge
Juste au moment du dernier passage,
Pour lui, pas de gilet de sauvetage...
Ailleurs, pas si loin du petit enfant mort
C'est parachute doré encore
Pour un certain Monsieur Combes
13 millions 700.000 €uros
1000 années de salaire minimum
Pour 2 ans à la tête de Télécom,
Sûr, ça, c'est un grand homme...
Une vie vaut une vie, ou devrait valoir,
Toutes choses égales par ailleurs, faut voir,
Pauvre Monsieur Combes,
L'appât du gain où tu tombes
Creusera, c'est sûr, nos tombes,
13 millions 700.000 €uros, demande-toi bien
Combien ça fait de vies de petit enfant Syrien !
Jean-Louis Crimon. 3 Septembre 2015.